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above the sky ❀ reaper

 :: RORRIM :: CONTRÉE EST :: LA GRANDE BRÛLANTE :: LES ROCAILLEUSES :: DEMEURE VAL'ENDELI Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Dim 1 Avr - 19:58
Cloud Andersen
Cloud Andersen
VOTRE POSTE : artisan doreur
LES ÉCRITS : 11


musique - Il y a, au-delà des nuages, une drôle de maisonnette cachée entre deux montagnes. On raconte que son sol est fait de fleurs et son ciel de diamants, que ses petits ruisseaux sont semblables à des miroirs et que les senteurs se mêlent gracieusement dans l'air.

Un peu plus tôt dans la semaine, un pigeon avait toqué à la vitre de la petite boutique. Il y avait déposé un mot avant de s'en aller on ne sait jamais où. Cloud avait découvert, avec grande surprise, une commande de la part du Suprême de la Contrée Est - chez les Andersen, c'était une première. Il n'avait pas vraiment hésité, il était simplement étonné. Luna, sa mère, n'avait de cesse de s'en plaindre : il s'agissait d'une mission de plusieurs jours, au domicile du sorcier. Mais que feras-tu s'il découvre la vérité ? Comment vas-tu te cacher ? Oh, laisse moi venir avec toi, mon fils. Sans avoir eu besoin d'insister, c'était en posant simplement ses mains sur ses épaules et son regard sur la jambe amputée de sa mère qu'elle avait finie par se faire une raison. D'un sourire triste, elle avait hoché la tête et caressé la joue de son fils en guise d'au revoir.

**


Cloud noue ses cheveux et resserre le corset de sa robe. Un long voyage l'attend. Il s'en va d'abord vers le vieux cocher au coin de la rue, un ami de la famille qui a accepté d'emmener la jolie fille Andersen jusqu'au pied des rocailles pour cinq sous. Le reste du chemin se fera à pied.

Dans ses mains, il tient fermement une valise de cuir contenant vêtements et outils de travail. Derrière lui, l'ancien lui fait un geste du bras.

« Ma petite dame ! C'est ici que je vous laisse. Faites attention, on ne sait jamais trop de quoi les sorciers sont capables... Et les montagnes ne seront jamais aussi douces que vous. Soyez prudente, vous ne voudriez pas inquiéter votre bonne mère ! Sur ce... »

Cloud répond d'un sourire et d'un mouvement de tête tandis que la voiture, tirée par le cheval, s'en va.

Ses yeux s'attardent sur la chaîne de montagne, si imposante et si grise. Il soupire.

« Eh bien… »

Et d’un pas décidé, s’aventure dans le coeur des Rocailleuses.

L’aventure est longue est éprouvante - mais surtout dangereuse (plus particulièrement quand on porte des robes). Cloud est surpris de survivre jusqu’ici, si bien qu’il s’accorde un instant pour apprécier le paysage - au moins, il mourra avec la tête pleine de belles choses. La Contrée de l’Est n’a jamais été aussi belle. La vue est à couper le souffle !
Il respire un grand bol d’air tandis que son sourire creuse un peu plus ses joues. Mais l’heure n’est pas aux contemplations.

Cloud tourne les talons et reprend son épopée jusqu’au lieu indiqué sur la lettre. À quoi doit-il s’attendre ? Un gigantesque manoir forgé dans la pierre ? Un jardin sombre mais moderne ? Il n’arrive pas visualiser quelque chose d’autre qui n’est ni sombre, ni froid, à vrai dire.

Et pourtant.

Surprise sur surprise, les yeux du jeune homme s’agrandissent lorsque se dévoile un gigantesque jardin de fleurs enchantées, un ciel plus bleu que jamais, des petits ruisseaux qui sonnent comme des grelots et surtout, des senteurs exquises comme on n’a jamais pu les décrire avec des mots.
Cloud était loin de s’imaginer que cette fameuse maison enchantée appartient à son client le plus craint de la région.

Au bout d'un petit chemin, reposant sur l'herbe fraîchement coupée, une maisonnette sympathique tout droit sortie d'un jeu de poupée.

Il s'avance timidement, jusqu'à la porte d'entrée. Il toque et lorsqu'elle s'ouvre, il s'incline légèrement, ses mains tenant fermement la poignée de sa valise. Il s'éclaircit sa gorge, puis dit d'une voix douce :

« Bonjour. Vous avez fait appel à nos services en dorure... » Il se redresse. « Je suis Cloud Andersen. »

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Dim 1 Avr - 21:43
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VOTRE POSTE : Suprême de la Contrée Est.
OÙ ES-TU ? : Dans l'ombre.
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On sonne. Je suppose qu’il faudra que je remette à plus tard l’écriture de mon recueil des expressions faciales terriennes de la colère. Je regarde la dernière ligne que je viens de coucher sur le parchemin - « Froncement de sourcils vers le centre au dessus de l’arête du nez, pupilles légèrement dilatées, bouche contrite et lèvres pincées ; expression faciale de Miss. Polly Baker réalisée suite à l’annonce de son conjoint de son oubli d’avoir acheté le pain. »

Mh. C’est étrange comme colère. Ah, oui, bien sûr. Cette colère est spéciale et éphémère parce que Miss. Polly Baker aime son mari. Il faudra que je pense à rajouter ce détail via une astérisque plus tard.

Je me lève, réajuste le col de ma chemise puis mon veston de velours et ouvre la porte d’entrée. N’aurais-je pas dû me présenter sous ma forme humaine ? J’oublie très souvent - ce qui suscite bien des incommodions de la part d’autrui. Pas la peine de tergiverser pour ce qui n’est plus de l’ordre du faisable.

Cette jeune femme s’y fera ou s’enfuira - fait qui m’embêterait tout de même. J’ai promis à Jalel une chambre à l’effigie de la savane.

Je me penche, l’écoute se présenter - l’observe. Ce n’est pas une jeune femme. Entrez mon garçon. - c’est un jeune homme. Je ferme la porte. Quel étrange accoutrement. Une coutume humaine que j’ignorerais ? Il me faut mon calepin. Ah, bien sûr, il est dans la poche droite de mon pantalon en lin. Pourquoi tiens-je à préciser qu’il est en lin ? Éprouverais-je de la fierté quant à avoir un pantalon de cette matière ?

Je m’égare. Il m’arrive de trop penser.

Bell arrive, son service à thé préféré disposé méticuleusement sur un plateau d’argent. Ma bonne fée du logis, toujours aux aguets du confort des invités que je reçois. Il y’en a si rarement que lorsqu’il y’en a, elle s’anime vivement.

Je note « Robe féminine et cheveux longs, traits fins, allure se prêtant à celle d’une femme, est du genre masculin. » Je remet mon calepin dans la poche droite de mon pantalon en lin.

Je l’invite à me suivre dans le salon. Bell pose le plateau d’argent sur la table basse. Souhaiteriez-vous du thé ? Je suggère tout en me servant une tasse d’Earl Grey. Les thés Terriens sont définitivement mes favoris.

Je remercie Bell d’un sourire. Elle remporte le plateau d’argent pour mieux revenir avec le sucrier avant de disparaître une seconde fois dans la cuisine.

Je m’assois sur le divan, lui propose le fauteuil me faisant face. Son aura est étrange. J’estime, si vos capacités de doreur sont aussi louables que le nom de votre maison l’est, que la durée de votre séjour ici sera de 72 heures. Mon figuier, celui séant à l’angle nord-est du salon, attire soudain mon attention. Il s'excite. Ses fruits, alors verts deux minutes plus tôt, mûrissent.

Mh. Un excès de magie ? Je vous fournirais tout le confort nécessaire. Bell se chargera de vos repas. Libre à vous de les prendre dans votre chambre ou en notre compagnie. Ah, suis-je aveugle ! Ah suis-je ignare ! Un Merveilleux, c’est une évidence qui crève les yeux. Se laisser aussi vulnérable, impunément sans protection - est-il sot ? Je me questionne. Il n’a pas le regard d’un sot.

 Dites-moi, Cloud… Ma curiosité se satisfera à un autre moment. Il vient à peine d’arriver, je ne tiens pas à le brusquer. Pourquoi porter une robe ? Est-ce là une tradition de votre famille ou l'héritage d'une coutume de l’Est dont on aurait omit de me mentionner l’existence ? Je laisse ainsi place à ma curiosité et ma soif de savoir.

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Dim 1 Avr - 22:29
Cloud Andersen
Cloud Andersen
VOTRE POSTE : artisan doreur
LES ÉCRITS : 11


Le coeur de Cloud s'arrête, juste un instant. Autant par la faute du physique du sorcier que son masque déjà à découvert. Une identité, pourtant si bien entretenue pendant vingt ans, balayée par quelques mots presque innocents. Et, en ce même instant, un drôle de visage - visage ? - sort de l'ombre de la maison, dévoilant alors rien de plus que le crâne d'un étrange animal.
Pourtant, il réalise très vite qu'il ne fait pas face à une bête sauvage, mais bien à une chimère, humanoïde.

Il y a bien des merveilles à Rorrim mais c'est bien la première fois qu'il rencontre un tel personnage. Cela l'enchante tellement qu'il en oublierait presque sa remarque. On ne trompe jamais un sorcier, après tout, pense-t-il en essayant de se faire une raison.

Sans rien ajouter, Cloud va à la suite de son hôte et prend place dans le salon. Son professionnalisme l'empêche de regarder autour de lui, restant concentré sur ce client de grande qualité. Il ressent simplement la pièce - chaude, chaleureuse, loin de l'image que ce crâne reflète.
Il saisit la tasse devant son nez et déguste pour la première fois un thé dont la saveur lui est inconnu. En vérité, il y a beaucoup de choses qui lui sont inconnues, mais ce n'est pas quelque chose qui le touche profondément. Au contraire, Cloud essaye toujours de voir le bon côté : c'est, au moins, une manière de s'émerveiller un peu plus chaque jour.
Ce thé, par exemple, a tout de suite rendu sa journée plus belle. Il est vraiment bon.

Pendant ce temps, son hôte s'attarde sur des questions tout de suite plus personnelles. Pourquoi porter une robe ? Est-ce là une tradition de votre famille ou l'héritage d'une coutume de l’Est dont on aurait omit de me mentionner l’existence ? Cloud hésite quelques secondes mais en son regard on ne peut y lire ni crainte, ni colère. Son visage reste lisse de toute expression. Alors, il dit :

« Pour faire court... » Il repose la tasse sur la table. « Ma mère a fait le choix de m'élever comme une fille pour échapper au régime. Les militaires, vous savez. En toute honnêteté, vous êtes le premier à me démasquer, c'est embarrassant. »

Il rit, tout doucement.
Jusqu'à maintenant, au-delà de ses tenues, Cloud avait réussi à berner tout le monde par les traits de son visage et la finesse de son corps. À tel point qu'il ne sait pas comment réagir face à une telle situation - lui qui a toujours pensé que ça n'arriverait jamais.
Peut-être qu'il l'espérait, dans le fond. Il se sent à la fois soulagé d'un poids mais anxieux à l'idée d'offrir ses petits secrets à un parfait inconnu.

« Si cela pouvait cependant rester entre nous, je vous en serais redevable. »

Derrière ses cils, Cloud remarque le petit carnet aux côtés du Sorcier. Non, il ne peut pas se permettre de poser des questions trop personnelles.

« En attendant, je vous remercie pour votre hospitalité. Soixante-douze heures me semblent suffisantes. Pourriez-vous me montrer ce que je dois travailler ? »

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Dim 1 Avr - 23:19
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Oh je vois. Je dis, sans comprendre pour autant. Ce serait donc l'instinct maternel qui pousse la mère à protéger son petit l'origine de cet étrange accoutrement ? Les humains ne cessent de m'étonner.

Je sors mon carnet, note son prénom sur une page puis ce que je viens d'apprendre à son sujet. Je n'en parlerais pas. Quant à votre redevance, c'est d'accord. Je la note également sur la page.

Bell débarrasse la table. C'est un bon signal de départ pour quitter le salon. Je me lève et sans le toucher le pousse à prendre la direction du couloir. Oh. Les fées ont encore désordonné mes tableaux de paysages. Je devrais les manger, ainsi elles ne me causeraient plus de désagrément.

Minutieusement je retire mes gants et les pose à mes pieds puis entreprend de réordonner l'alignement des tableaux. Je constate alors que pour la seconde fois je néglige la vision que j'offre à mon hôte. La peau noire d'écailles de mes mains ravit rarement le regard.

Mh. À présent que j'y réfléchis, tout en remettant mes gants bien sûr, je remarque qu'il n'a ni haussé les sourcils de stupeur, ni froncé le nez de dégoût, ni émit quelconque bruit de gêne.

Il semble au contraire, enchanté. Curieux. Bizarre.
Singulier jeune homme.

Voici la chambre de Jelal. Nous entrons et à son nom dans ma bouche, il apparaît pour mieux serpenter entre mes jambes. C'est un guépard du monde Terrien. C'est mon ami.

Je m'agenouille, le gratifie de ce tapotement de paume sur sa tête dont il raffole - un des grands mystères auquel il me confronte. En effet, j'ai essayé ce tapotement sur ma propre tête, cela ne m'a procuré aucun effet.

Je souhaite que vous décoriez les murs afin qu'ils rappellent ce panorama. Je fais apparaître sous ses yeux une orbe lumineuse officiant de fenêtre intra-mondes d'où l'on distingue la savane et sa faune.

Jelal semble soudain très excité. La savane lui manque. Évidemment. Je prends conscience qu'il ne semble nullement dérangé ou farouche, en dépit de la présence d'un inconnu. Un des dons propres aux Merveilleux ?

Votre parfum embaume la magie, Cloud. Je déclare, les bras croisés. Faites attention à vous, mon domaine regorge de créatures dangereuses. Vous les attirerez comme le miel attire les abeilles. Si elles ne vous croquent pas, elles vous harcèleront.

Il ne faudrait pas l'alarmer pour autant. Je sais ô combien sont craintifs les humains lorsque leur vie ou leur sécurité sont évoquées sous de mauvaises augures.

N'hésitez pas à m'appeler en cas de besoin. Rassurer est un acte qui désamorce la crainte. D'autant que cela me dérangerait d'avoir à enterrer un corps et de faire appel à un autre doreur - Jalel a déjà assez attendu sur ma promesse.

Mes excuses par ailleurs, je ne me suis pas présenté. Je me nomme Simeon Val'Endeli. Je lui tapote la tête. Peut-être cela intensifiera t-il l'acte de rassurer ?


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Lun 2 Avr - 0:01
Cloud Andersen
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musique - À leurs jambes vient alors danser un drôle de chat - gigantesque et élancé. Cloud écarquille les yeux de surprise pour la seconde fois tandis que sa main vient trouver refuge contre sa poitrine. Son coeur bat la chamade, c'est étrange. De l'autre, il tient fermement la valise contre laquelle l'animal vient alors frotter son museau. Jelal, un guépard. Voilà une nouvelle découverte pour la journée qui n'a de cesse de ravir le petit doreur inculte et ignorant. Son hôte lui fait alors part du travail à venir - reproduire un étrange décor sur les quatre murs. Mais ce qui attire le plus l'attention du jeune garçon, c'est cette orbe qui flotte et dessine les traits d'un drôle d'univers miniature. Ses iris brillent un peu plus, il sert entre ses doigts le tissu de sa robe, comme de peur de tomber face à tant de grâce et de beauté. Où est-ce ? La Terre ? Est-ce cela que l'on voit au travers des portes de Rorrim ?

Dans ce petit panorama, d'autres silhouettes imposantes se forment - elles sont longilignes. Au bout de ces cous immenses, des chevaux ? Cloud plisse des yeux mais aucun animal de lui vient à l'esprit - cela ne ressemble à rien de ce qu'il a pu voir de toute sa vie. Encore plus loin, ce sont des formes grisâtres et épaisses qui apparaissent. Elles marchent lentement, et ont un nez étrangement long. Leurs oreilles se secouent et leurs défenses apparaissent dans ce mouvement massif.

La rêverie prend alors fin une fois l'orbe essoufflée. Il lui faut quelques secondes pour reprendre son sérieux tandis que le sorcier le met en garde contre les petits voyous alentours. Cloud n'est pas certain de comprendre, mais il fait mine du contraire en hochant la tête.
Au même moment, il pose sa paume sur le dessus de son crâne et se présente. Le jeune doreur est pris de surprise. Simeon. Quel drôle de personnage, loin d'être aussi terrifiant que les contes peuvent le prétendre. Par souci d'intimité, Cloud saisit cette main imposante pour la retirer doucement, sans évoquer une once de dégoût ou de malaise. À sa grande surprise, celle-ci est étrangement douce et humide - comme un poisson.

« En toute honnêteté, » commence-t-il, « je suis sincèrement surpris par les lieux. Et par vous. Mais... Plutôt dans le bon sens du terme. »

Cloud parle plus qu'à son habitude - c'est sans doute cela, ne plus avoir à se cacher.
Sans plus attendre, il décide de se mettre au travail. Il n'est pas sûr de réaliser l'importance de dorer une pièce pour un animal - qui plus est, sauvage -  mais il ne voudrait pas poser de questions impolies.

Il s'accroupi pour regarder le félin d'un peu plus près. Jelal semble curieux et le lorgne en retour sans esquisser un soupçon de méfiance. Cloud tend doucement la main, hésitant d'abord, jusqu'à ce que ses doigts rencontre cette fourrure à la fois dure et douce. Doucement, ses phalanges glissent sur les jambes de l'animal, si longues et élancées. Il se murmure à lui-même, à peine audible.

« Courir... » Il fixe le guépard droit dans les yeux. « Tu es fait pour courir alors... »

Cloud se pince le menton à l'aide de son pouce et son index en se relevant. Il réfléchit un instant avant de déposer sa valise au sol et de l'ouvrir. Du linge de rechange, des outils de sculpture, des pinceaux, de l'argile, et surtout une boîte remplie d'or sous toutes ses formes.
Définitivement inspiré par la tâche, il défait ses cheveux quelques instants pour mieux les nouer au-dessus de son crâne et dégager son front de sa frange.

« Alors il te faut de la profondeur. »

Le garçon prend un fusain et se redresse une seconde fois en tenant les pans de sa robe. D'un mouvement presque dansant, il se rend vers l'un des murs pour y dessiner l'esquisse de futures formes. Dans des mouvements grandioses mais loin d'être hasardeux, des herbes hautes et noires prennent alors vie.

« Je vais sculpter de grandes herbes sur les murs pour donner du volume et un effet de perspective. Puis les travailler à la feuille d'or. »

Cloud a toujours besoin de dire haut et fort ce qu'il va faire - il ne sait pas toujours réfléchir silencieusement.
Il s'agite, va de plus en plus vite d'un mur à l'autre. Tournoie sur lui-même. Danse presque sans s'en rendre compte. Puis il heurte quelque chose - Simeon.

« Oh. » Il recule d'un pas et se frotte le bout du nez. « Navré. »

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Lun 2 Avr - 1:20
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Je devrais sortir. J’ai d’autres affaires qui m’attendent - dont la visite d’un lieutenant colonel au sujet d’une attaque en préparation contre un gouvernement terrien. Il requiert un feu explosif ensorcelé. Cela demande des heures de préparation. Je devrais sortir. Pourquoi mes jambes ne bougent-elles pas ?

Mes yeux s’abaissent sur Jelal, assit docilement à mes côtés. Aussi immobile que je le suis. Qu’avons-nous ? Ah, ce doit être lui. Cloud. Étrange spécimen. Il danse, tout emporté par son art qu’il manifeste avec passion. Ma tête s’incline. Je tique.

L’entrevue de la savane l’avait donc tant ému ? Est-ce ce qui émeut également mon compagnon pour le rendre si serein et silencieux ? De savoir sa nostalgie comprise et bientôt sublimée sur les murs comme on panse une plaie ?

Tout ceci est singulier. Je soupire, ne sachant si, pour ma part, je suis simplement curieux ou légèrement fasciné. Soudain, par un enchaînement de pas inattentifs, il se cogne à moi puis s’en excuse. Je dois bien admettre que cela m’a un tantinet surpris. Aussi, je recule.

Je lève une main, va pour tapoter son crâne puis m’arrête - c’est vrai qu’il m’a poliment fait comprendre plus tôt que ce geste l’avait gêné. Je réfléchis. Je n’ai pas envie de parler, pas lorsque je suis incommodé d’avoir les pensées indécises entre la curiosité et la fascination.

Si je ne peux tapoter son crâne, que puis-je faire pour lui dire « ce n’est rien. » mais aussi pour lui faire comprendre ce que m’inspire la vision qu’il m’offre en oeuvrant avec autant de volupté ? Mh. D’ailleurs… Que m’inspire t-elle exactement cette vision ? Je réfléchis plus amplement. Jelal me toise, perplexe.

Beauté. Je dis, pareil à un enfant ayant résolu une énigme de conte. Elle m’inspire de la beauté. Sa vision m’inspire de la beauté. Ce doit être le terme le plus approprié.

À présent je sais comment le rassurer et le remercier pour ce fugace moment. Mes doigts dessinent d’invisibles courbes dans le vide tandis que je murmure quelques basses et mélodieuses incantations. Le sol se recouvre paisiblement d’un parterre de fleurs bleues - on ne peut les toucher, elles ne sont que mirage - mais peut-être lui plairont-elles tout de même ?

Bien. Il est temps de quitter les lieux. Je me retourne, franchit la porte, Jelal sur mes talons - à peine ai-je le temps de faire un pas qu’un Farfadet Baveur - boule d’énergie grassouillette et haute comme trois pommes - déboule et saute sur Cloud. Je peste entre mes dents. D’entre tous les Farfadets Baveurs, il fallait que ce soit lui. Gradur ! Hors d’ici !

Il ne m’écoute pas, trop heureux de se frotter à sa victime. Cela ne serait pas tant un problème s’il ne laissait pas d’immondes traces de bave et de boue. Tels sont les inconvénients de sa race : tout ce qu’un Farfadet Baveur touche se voit salit de bave et de boue.

Je le saisis par une de ses oreilles et le pendouille dans le vide. Vil fauteur de trouble. Tu mériterais que je te mange. J'annonce, comme une sentence. Il déglutit, gigotant vivement. Mais, Monseigneur Simeon, c’est plus fort que moi j’vous jure ! J’l’ai flairé de loin. C’pas tous les jours qu’on a un Merveilleux sous la main ! M’mangez pas ! J’veux pas finir dans vot’estomac !

Irrité je le laisse tomber à mes pieds, le menaçant d’un grognement de filer. Il roule… Remonte se pendre au cou de sa victime. C’est qu’il n’écoute rien. Peste soit de ce Farfadet sans cervelle !

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Lun 2 Avr - 1:50
Cloud Andersen
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musique - Pendant quelques secondes encore, un mirage. Un parquet de fleur bleutée - la même couleur que ses yeux - vient se faufiler sous ses pieds et le visage de Cloud s'illumine d'un énième sourire. Il fait un léger mouvement, mais ne peut même pas sentir la texture des pétales depuis le bout des ses orteils. Tandis pour les senteurs et le toucher, il se contentera d'une jolie vue.

C'était cependant sans compter le farfadet dodu (et surtout baveux) qui traverse la pièce en moins d'une seconde pour venir écraser sa langue tout le long de son visage. Cloud tombe en arrière et atterri sur son fessier dans une complainte étouffée tandis que ce baiser dégoûtant n'a de cesse de s'approfondir. Son hôte - son sauveur ? - vient lui en débarrasser en un mouvement de bras. En vain, car le petit être revient se ficher contre son cou. Les cheveux de Cloud se détachent aussitôt et retombent au devant de son visage, désormais sali par un mélange de bave, de boue, et... de choses dont il ne veut pas connaître l'existence.

Il avait déjà eu vent de l'existence des farfadets et se souvient d'ailleurs que, plus jeune, l'un d'entre eux lui avait déjà fait la cour de la sorte. Ça n'était pas arrivé depuis, si bien qu'il ne pouvait pas s'en rappeler jusqu'à maintenant. Il faut dire que dans la cité, là où tout vit jour et nuit, les petits êtes de magie n'ont plus vraiment leur place et c'est une chose bien triste car Cloud les apprécie malgré leur maladresse. Il s'octroie d'ailleurs le droit de tapoter la tête dudit Gradur.

Merveilleux, avait-il dit.

« Décidément, je n'ai plus de secret pour personne ici. »

Annonce Cloud, avec une pointe de déception.

« C'est... Ce sont... » L'attention du farfadet semble détournée. Cloud tique et le fixe. Le voit regarder avec intérêt la valise grande ouverte. « Des vêtements de Merveilleux ! »

Avant même qu'il puisse ouvrir la bouche pour protester, Gradur court jusqu'aux vêtements en question pour se les accaparer et disparaître dans une autre pièce avec. Cloud reste à quatre pattes, la main désespérément tendue dans le vite. Il lâche un soupir.

« Je suis désolé. Je ne pensais pas qu'autant d'êtres vivaient aux alentours et qu'ils viendraient nous importuner. Cela est entièrement ma faute. »

Le mot Merveilleux est familier à l'oreille de Cloud, mais pas totalement acquis. Il en a entendu parlé, ici et là dans l'Est sans vraiment en comprendre le sens. C'était par pure déduction qu'il avait compris en être un - par sa peau de miroir et son empathie particulière. Il avait jugé bon de le cacher au même prix que son genre originel.

En se relevant, il ajoute :

« Vous le mangeriez vraiment ? »

Il demande surtout parce qu'il trouve ça plutôt repoussant d'aspect.

Cloud s'éclaircit la gorge et essaye de se reprendre en main. Ce n'est pas le moment de bavarder.

« Je ne veux pas vous importuner plus longtemps. Vous devriez retourner à vos occupations pendant que je m'occupe de cette pièce. Et ne vous en faites pas pour le farfadet, je me chargerai de retrouver mes vêtements moi-même. »

Deux robes en moins. Maman va être folle de rage... Et d'inquiétude.

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Lun 2 Avr - 2:40
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Fort heureusement pour mes nerfs, Gradur s’en va. Qui plus est, dans son avidité et sa grande effronterie, il ne s’en va pas les mains vides. Je soupire. Je n’ai pas l’habitude de tant d’agitation. Jelal me fixe, toujours perplexe. À croire qu’il est plus préoccupé à déchiffrer mes humeurs que je ne le suis. Lui aussi est un curieux specimen.

Non, je ne l’aurais pas mangé. Je lui soupçonne un goût infect. Je déclare, très sérieux. Jamais je ne pourrais vexer ainsi mon palais - l’idée même d’une seule bouchée de cet amas de saleté me soulève l’estomac. Saleté qui défit mon sens de la propreté en s’étalant ostensiblement sur ses vêtements et son visage.

J’inspire longuement. Je ne peux décemment le laisser dans cet état. Ce n’est ni correct, ni propice au travail. Il risquerait de tâcher son oeuvre.  Venez mon garçon. Je commande poliment en saisissant sa main pour l’emmener à ma suite en direction de la salle de toilette. Jelal nous suit et je sens son regard dans mon dos - son regard perplexe. Va t-il cesser à la fin ?

Je pose mon index gauche sur le bout de son nez, récite un inoffensif sort d’immobilisme. Oh bien sûr cela m’incommode, je n’apprécie pas user de magie pour contraindre mais je sais que les humains sont très farouches quant à la préservation de leur pudeur. Je lui retire ses vêtements, les dépose dans les bras de Bell apparue à l’embrasure de la porte.

Il paraît plus frêle à présent, plus fragile aussi. Je ne comprends pas pourquoi les humains n’aiment pas être vus nus. La nudité est naturelle - ne sont-ils pas venus au monde nus ?

Je le saisis par la taille, le soulève avec précaution et le pose dans la baignoire. L’eau coule aussitôt et j’y ajoute des huiles parfumées et des poudres colorés. Je lève le sort. Cela nettoiera la crasse du Farfadet. Elle vous aurait donné des pustules si vous l’aviez laissé. Je dis, prenant la première éponge à ma portée.

La mousse qui se crée dans ses pores devient de plus en plus cotonneuse. Elle resemble à un nuage. Maintenant que ses cheveux blancs s’y perdent, elle resemble à un nuage nappé de sorbet au citron. Curieuse comparaison. Aurais-je envie de sorbet au citron ? J’en demanderais à Bell plus tard.

Je frotte ses épaules, son buste puis ses cuisses avant qu’il ne se débatte de trop et me pousse à battre en retraite. J’entends Gradur glousser depuis le couloir. À se moquer de mes déboires, il aggrave son cas. Il va finir en carpette. Je vous donnerais des vêtements propres. Je déclare, un soupçon embarrassé par mon incompétence et le malaise occasionné.

Mieux aurait-il valu que je le laisse se laver par lui-même et ce dès le début. Plutôt que de respecter son intimité, je l’ai mise à mal. Ne l’ai-je pas dis, que les humains sont farouches quant à la préservation de celle-ci ? Ils sont si illogiques et compliqués. Ils me fatiguent.

Je referme la porte de la salle de toilette, marmonnant pour moi-même quelques réprimandes. Bell me tend une petite pile de vêtements m’appartenant. N’aurait-elle pas pu m’apporter une de ses robes plutôt que des affaires à moi ? Mh. Elle a dû comprendre que notre hôte n’est pas une femme et juger bon d’agir en conséquence.

Ma bonne fée - voilà une logique que je salue. Je lui tapote la tête. Elle sourit. Nous attendons tous deux, non tous trois - Jelal n’a pas déserté - dans le couloir, dos au mur. Ce n’est pas si mal d’avoir un peu d'animation finalement, à en juger par les airs gais de mes comparses.


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Lun 2 Avr - 3:05
Cloud Andersen
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Tout va vite - très vite.
Simeon saisit sa main et le traîne jusqu'à la salle d'eau avant de le déshabiller, le jeter dans le bain et le frotter avec une maladresse presque innocente mais pourtant, tellement embarrassante. Cloud ne parvient pas à bouger ni à protester pendant de courtes secondes. Néanmoins, dès l'instant où il récupère sa motricité, il commence à gigoter dans tous les sens en lâchante des plaintes depuis le fond de sa gorge - quelque chose qui sonne comme un supplice. Puis son hôte, autrefois sauveur et maintenant assaillant, s'en va. C'est à ce moment précis que le jeune garçon se morfond dans sa honte,

Jusqu'à maintenant, son corps était un mystère aux yeux du monde si bien que seul lui et sa mère ont eu l'occasion de voir plus de peau que sur son visage et ses mains.
La vérité, c'est qu'au delà de son éducation, Cloud n'a jamais su apprécier son physique à mi chemin entre l'homme et la femme. Tandis que tout semble le ramener au sexe féminin - des traits de son visage jusqu'à sa taille marquée par des corsets - il y a toujours quelques détails pour lui rappeler sa véritable sentence : être un homme dans un mauvais peuple.

Recroquevillé dans la baignoire, il finit par se gifler le visage de ses deux mains jusqu'à ternir les couleurs de ses joues et reprendre une expression, ma foi, relativement froide. Tout dégoulinant d'eau et les épaules encore pleine de savon, il entrouvre la porte de la pièce et glissé sa tête dans le couloir.

« Ne faites plus ça. »

Son ton est plus sec que tout à l'heure.

« Vous n'aviez pas à le faire. Et je n'ai jamais été nu face à quiconque. Alors... » Non, peu importe. Il.soupire, change le sujet. « Puis-je avoir mes vêtements ? »

Sans plus attendre, la dame lui tend du linge propre. C'est seulement lorsqu'il referme la porte pour se changer que Cloud réalise qu'il a dans les mains, pour la première fois, une tenue d'homme. Il l'étend devant lui comme un objet de curiosité. Il n'a pas le choix, on dirait bien.

Hésitant puis presque solennellement, il enfile pantalon et chemise. Il s'accorde quelques instants pour se regarder ainsi dans le miroir. C'est étrangement confortable - sans doute parce que c'est large et peu adapté à sa corpulence. Cloud se sent presque fier. Presque Homme.

Définitivement plus détendu et calme qu'un peu plus tôt, il sort de la salle de bain.

«  Merci. »



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Lun 2 Avr - 11:45
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Mh. Évidement, je n’avais pas à faire cela si je m’en réfère à la logique humaine. Je ne le ferais plus. Leçon mémorisée. Je soupire. Plus de 3000 ans de vie et je dois encore apprendre à gérer d’aussi infimes détails.

Il sort. Mes vêtements sont trop grands. Il paraît très petit. Bien. Je dis, les bras croisés. Je vous laisse. Maintenant qu’il est propre et sec, il peut retourner à son ouvrage et je peux m’affairer au mien. Je m’en vais en direction de mon atelier, au contraire de Jelal. Il semble satisfaire sa curiosité sans gêne, lui, puisqu’il suit notre invité.

Je m’assois, sort mon carnet puis inscrit des instructions sur une page « Bell te feras visiter la demeure et ta chambre lorsque tu le souhaiteras. S. »  - page que j’arrache et tends à la sus-nommée - toujours dans mon ombre, prête à satisfaire mes souhaits - avant de l’envoyer auprès du concerné.

Préparer de la poudre de feu explosif requiert de la patience et un doigté méticuleux. Tandis que le tictac de l’horloge tourne, je distille des essence de lave, récite des formules et fait bouillir des papilles de Dragon dans une marmite. Je mélange le tout, le filtre puis le verse dans des récipients. Le liquide rougeâtre suintant dans ceux-ci s’évapore lentement sous les reflets du soleil. Là. Enfin. Excellent. Il ne reste que la poudre.

On sonne. C’est un timing parfait.

Bell apparaît au seuil de la porte, le Lieutenant Colonel Sharp à ses côtés.

Reaper, alors c’est ici que tu te planques ? J’croyais que ce serait un tombeau avec des squelettes partout, j’suis déçu ! Il s’exclame, il rit, l’air satisfait. Je comprends rarement les expressions faciales et les inflexions de voix de cet homme ; je sais cependant qu’il m’incommode régulièrement. Je t’en prie, entre et assieds-toi. Je viens de terminer.

Il s’installe sur une chaise, ses yeux se baladent sur les courbes de Bell, ses mains gigotent sur ses cuisses. Son col de chemise est mal repassé. Il manque un bouton de manchette à la manche droite de son veston. Super ! Dis ça t’manque pas les missions de terrain ? Un p’tit carnage à l’ancienne ?

Bell nous apporte du thé. Il la renvoie avec un sourire faux et intéressé. Je préfère une bière ! Elle revient avec une bière. Il me dévisage. Moi j’en ai marre de ces trucs d’attentats et de conneries d’attaques à préméditer. Y’a plus aucune action ! Je regrette la guerre, au moins, là, on pouvait vraiment se comporter en homme !

J’acquiesce. Certes. Je ne suis pas particulièrement prompt à converser. Je préfèrerais me prélasser sur le banc de mon jardin ou observer Cloud décorer les murs de la chambre de Jelal.

Ah. Cloud. Je fais un bref signe à Bell. Elle ferme la porte de l’atelier. Mieux vaut que le Colonel et lui n’aient pas à se rencontrer.

Enfin, en homme, j’dis ça mais toi ça te concerne pas. Sans rancune bien sûr. Il poursuit, son regard se baladant une seconde fois sur les courbes de Bell.

Je suis très occupé. Veux-tu m’excuser, s’il te plaît. Transmet mes salutations à l’Amiral. Ma patience s’effrite mais jamais ne s'effritera ma politesse : toujours impeccable.

Silence.

Eh Reaper, tu ressens vraiment rien ? Il demande, circonspect. Je reste debout. Je me tais. Il se ranime, infantile.

Les humains ne supportent pas l'absence de réponse aux questions. Cela suscite de la gêne. Les humains gèrent mal la gêne.

Allons, j’ai pas encore bu ma bière, t’as bien 10 min puis j'te fais de la compagnie. J’ai fais du chemin moi !

Dans vingt minutes exactement, l’horloge sonnera l’heure du dîner. Cela m’embêterait de l’avoir à ma table. Ne me reste qu’à attendre qu’il finisse sa bière et ses bavardages bruyants.

Cloud me vient à l’esprit, encore une fois. Dore t-il, le pas dansant, des épicéas géants et des éléphants ?


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Lun 2 Avr - 16:35
Cloud Andersen
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musique - Cloud file comme le vent jusqu'à la pièce de l'animal pour s'atteler à la tâche aussitôt. À genoux face au mur, il saisit la totalité de ses outils de sculpture ainsi que de l'argile. Dans un silence de mort, il dépose la matière sur les herbes déjà tracées au fusain un peu plus tôt et affine les bords à l'aide d'un petit couteau. Cela n'est pas bien compliqué mais prendra beaucoup de temps - il espère pouvoir terminer les reliefs d'ici l'aube afin de s'attaquer à l'or le plus vite possible. Pendant ce temps, Jelal reste dans son dos, à le fixer tout aussi muet.
Ah, oui, les étranges bêtes à long cou. Il commence à les esquisser à l'argile au loin - juste les contours de leurs silhouettes, comme des arabesques.

Pendant ce temps, il croit entendre un peu de grabuge dans le salon. Un nouvel invité ? Cette voix ne lui est pas bien familière. Cloud décide de ne pas s'intéresser davantage à ce qu'il se passe dans les autres pièces - il a mieux à faire.
C'était sans compter le farfadet qui vient pointer le bout de son nez dans ses affaires une nouvelle fois - et c'est le guépard qui alerte le jeune homme en lâchement un grognement.

« Qu'est-ce que... Oh ! Non ! »

Gradur s'en va avec la boîte d'or ! Cloud n'a pas d'autres choix et poursuit le petit être, suivit de près par Jelal. « Reviens ici misérable crapaud ! » Siffle-t-il entre ses dents en courant dans le long couloir. Ses mains sont encore pleines de terre, il prend garde à n'en mettre nulle part sur les murs ou les meubles mais la tâche devient particulièrement difficile quand le farfadet commence à se faufiler dans des petits endroits.
Sans vraiment le réaliser au bon moment, Cloud termine sa course en plein milieu du séjour, étaler au sol, le farfadet entre les mains. Il vient sans doute d'interrompre quelque chose d'important à en juger par le regard de l'invité et de la servante. Cette dernière met sa main devant sa bouche, visiblement un peu paniquée - c'est vrai, Cloud est supposé être une fille et cet homme qui se tient là est un soldat.

Il n'ose plus parler - sa voix le trahirait. À la place, il se relève en tenant fermement Gradur, qui lui-même tient dans ses mains la boîte. En guise d'excuse, le jeune garçon baisse légèrement la tête et il peut sentir la pression du regard du lieutenant posé sur lui.

Cinq affreuses et longues secondes passent, silencieusement. Au bout de celles-ci, le nouvel invité s'esclaffe :

« Ça alors ! Deux magnifiques filles dans une même pièce ! Tu ne te prives pas... Qu'est-ce que j'aurais donné pour être Sorcier aussi, rien que pour ça... ! »

Il s'avance jusqu'à Cloud et lui tend la main, sans doute pour la baiser. Mais réalise très vite que ce qu'il souhaite embrasser tient une petite chose baveuse et visqueuse.

« Enchanté, je suis le Lieutenant Colonel Sharp. Quelle miséricorde de finir dans la maison de ce vieux bougre... Je ne vous ai jamais vu dans le coin. »

Il attend très certainement une réponse.
Cloud lance un regard de panique en direction de Simeon. Aidez-moi.

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Lun 2 Avr - 18:10
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À en juger par les rides légères de ses paupières, l’animation vive de ses yeux et la moue de sa bouche, il requiert mon aide. J’oubliais que son genre véritable est un secret. Toute de même, c’est curieux. Je croise les bras. Le Lieutenant Colonel Sharp n’a donc rien vu - son amour pour les jolies courbes est plus fort que son jugement, si tant est qu’il en ait un.

Il s’agit de ma pupille. Évitez de la brusquer je vous prie. Je dis, très simplement. Il me faudra noter plus tard sur mon carnet, à la page le concernant, que sa redevance vient de doubler. Je n’aime guère le mensonge. Toi, en précepteur ? Eh bien. Ça ne m’étonne pas trop en fait. Il repose ses mains sur ses hanches, bascule son bassin en avant. Ah, je connais cette expression faciale - l’arrogance. Impossible que c’vieux Reaper puisse avoir d’autres genres de relations !

J’estime ses manières plus grossières que de coutume. Il me rappelle les lions mâles que j’ai pu observer au cours de mon séjour dans la savane nigérienne. Dès lors que l’un d’eux se retrouvait entouré de femelles, son comportement changeait. Il devenait plus joueur envers elles et plus agressif envers les autres mâles.

Tu sais, elles deviennent bleues si tu les laisses trop de côté ! Il me souffle à l’oreille tout en m’octroyant une boutade à l’épaule droite. Ce genre de rapport n’est pas convenable. C’est incommodant.

Merci de vous soucier de mon hygiène. Il ne m’écoute pas, il fixe Cloud. Cet homme ne fonctionne donc t-il qu’à l’instinct primal ? Veuillez patienter un instant. Je sors de l’atelier non sans signaler à Jalel qu’il doit y rester. Sait-on jamais que le lion intérieur du Lieutenant Colonel Sharp soit plus audacieux que prévu.

Je cherche parmi les papiers de mon bureau, retire un feuillet d’instructions quant à la poudre de feu explosif puis m’en retourne sur mes pas. Quelques minutes de battement - c’est ce qui aura suffit de temps au Lieutenant Colonel Sharp pour serrer Cloud par la taille et roucouler contre son cou, pour Jalel de grogner à leurs pieds et pour Gradur de saloper mon tapis de soie d’araignée bleue.

Assez. Ma patience et ma courtoisie ne sont pas sans limites. J’ouvre la gueule, la fumée de ma contrariété s’en échappe. Sous le joug d’un de mes sorts, Gradur s’envole brutalement par une fenêtre. Cette demeure requiert convenance et paix. Mes iris rougeoient et les lumières de la pièce s’abaissent à n’être plus que de minces faisceaux. Le Lieutenant Colonel Sharp déglutit. Allons Simeon, je suis désolé. J’ai assez abusé de ton hospitalité. Je m’en vais, je m’en vais !

Il m’offre une maigre révérence, ses cils vibrants sous l’infliction de sa crainte. Je lui tends le feuillet d’instructions puis les fioles de poudre. Bell l’enjoint généreusement à gagner la sortie à sa suite.

L’horloge sonne. Il est 19h30. Je soupire. Dînons à présent. J’ordonne. Les lumières se ravivent. Bell réapparaît. Je nous dirige, Cloud, Jelal, elle et moi-même jusqu’à la salle à manger.

Je m’assieds. Mon client ne vous a pas offusqué plus que ce que j’ai eu à constater ? Je demande. Mon calme revient séant. La table se dresse. Je suppose que ce genre de comportement ne vous est pas étranger. Vous excitez les hormones masculines. Bell dépose le plat de mijoté de légumes verts.

Je ne comprends pas ce qui leur plaît chez vous. J’avoue, un instant déçu de mon énième constat d’échec face à la complexité de l’humanité. Je ne trouve aucun humain attirant charnellement. Qu’est-ce qui fait, par ailleurs, qu’un humain est charnellement attiré par un autre humain ?

Bell nous sert un thé froid infusé aux fruits rouges et à l’amande amère. Elle termine le dressage de la table par une corbeille de pain et de petits pots garnis de fruits. Jelal se couche à mes pieds. Son pelage tiède me renvoie à la journée où je l’ai sauvé d’une mort certaine et aux journées qui suivirent où je dû gagner sa confiance et lui apprendre qu’un toucher n’est pas forcément synonyme de douleur.

Apprendre. Mh. Cela me donne une idée. Dites moi, mon garçon. Vous me devez deux redevances. Je vous offre la résolution de la première. J’ai encore quelques difficultés à déchiffrer les intentions humaines et les émotions qui en découlent. Éclairez-moi, instruisez-moi à leur sujet et je vous acquitte.

Bell, debout derrière notre hôte, sourit. Voilà qui est étonnant.


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Lun 2 Avr - 18:34
Cloud Andersen
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musique - C'est non sans inquiétude que Cloud découvre les facettes plus sombres de son hôte, plus égale à l'image que reflète cet étrange crâne. Il recule machinalement d'un pas, la main à nouveau contre sa poitrine maintenant qu'il se retrouve libéré des bêtises du farfadet. Quelques secondes après, c'est le lieutenant colonel qui s'en va sans chercher à approfondir la discussion. Le jeune homme ne peut s'empêcher de lâcher un soupir de soulagement en le voyant disparaître des lieux une bonne fois pour toute.
Mais quelle était donc cette étrange concentration de magie ? Était-elle véritable, l'authentique nature de son hôte ? Ou juste l'une de ses nombreuses faces tandis que la vérité de se cache pas, qu'elle est ornée de fleurs et de senteurs ?

Cloud décide de se faire plus discret pour les prochains jours à venir. Intimidé mais pas lâche pour autant, il s'assied à la table de Simeon en attendant le repas. Je ne comprends pas ce qui leur plaît chez vous. N'importe qui aurait pu être relativement blessé face à une telle remarque mais Cloud ne possède pas d'ego - il n'y a rien à froisser chez lui.

Par la suite, le sorcier semble se questionner sur la nature humaine. Machinalement, le petit doreur se gratte la joue, hésitant.

« À vrai dire, je ne comprends pas grand chose non plus. Voyez-vous, monsieur, je suis relativement ignorant... »

Avoue-t-il sans esquisser une gêne quelconque.

« Disons que l'attirance relève du physique et du charme...Une peau comme du lait, des yeux comme le ciel, des lèvres comme deux pétales, des cheveux comme des nuages... Ce sont les choses qu'on me dit souvent. Je correspond plutôt bien aux standards de beauté féminins. Svelte. Doux. Propre. Délicat. » Il essuie ses mains encore pleine de terre et de bave sur une serviette. « Mais je crois que mon indifférence à leur égard est ce qui les pousse à venir. Ils s'imaginent spécial si je leur adresse un mot de plus qu'au précédent. Je crois que cela fonctionne comme une compétition...Enfin, je ne suis pas sûr. »

Cloud s'attaque au repas. Quand bien même il n'a jamais vécu dans une grande richesse, sa mère lui a toujours appris à bien se tenir pour ne jamais importuner les clients.

« Je pense qu'ils seraient bien confus en découvrant que je ne suis pas une femme. Pire, ça en mettrait certains en colère. Tout cela est une question d'égo et de mauvais jugement, de remise en question sur la sexualité... En bref, des choses qui font un homme fier. »

Il lève le bout du nez vers Simeon.

« Cette réponse vous convient-elle ? »

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Lun 2 Avr - 20:14
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Je l’écoute. Bien qu’il se déclare ignorant, je trouve son éloquence riche et ses propos logiques. Je comprends mieux les agissements des messieurs à son égard. Elle me convient. Je réponds, à moitié satisfait cependant. Il me faut étendre cette explication à la race humaine en général. Les standards de beauté varient d’un humain à l’autre - que c’est complexe.

Je réfléchis. Ai-je, de loin ou de près, déjà éprouvé une quelconque attirance de cet ordre, curiosité exceptée, envers un être-vivant ? - envers les humains, jamais, comme je l’ai mentionné plus tôt. Mh. Ma défunte épouse, Lin, n’était pas inconvenante à embrasser. Or c’est le propre des Nymphes d’être plaisantes au toucher. Je suis en doute.

Il y a bien trop de siècles me séparant de ce passé pour que je puisse m’en remémorer les détails avec exactitude.

Bell dépose sous mes yeux la coupole de dessert, une marmelade tiède de groseilles à la menthe. Avez-vous déjà expérimenté le désir sexuel ? Quels en sont les effets ? Je demande, très sérieux. Ce domaine dépend du premier que l’on a abordé - et il m’est encore plus incompréhensif. J’admets l’utilité de la sexualité pour la reproduction, pour le plaisir - cela me paraît surréaliste.

Jelal bâille, s’étire, se lève, dépose sa tête contre les cuisses de notre invité. Les Merveilleux sont décidément singuliers - ils aimantent les besoins affectifs comme la mère aimante son enfant. Cette caractéristique, couplée avec ses attraits physiques plaisants au beau sexe comme à la gente opposée, font de lui la cible parmi les cibles.

En a t-il conscience ?

C’est avec un peu de recul que je réalise qu’il ne m’aimante pas affectivement. Je n’éprouve pas le besoin de le toucher comme Jelal, en ce moment, ou de le posséder intimement, comme le prévoyait le Lieutenant Colonel Sharp. Je le regrette. J’aimerais, pour être tout à fait honnête, ressentir ce que les humains ressentent.

C’est épuisant d’être vide et de devoir faire semblant d’être plein.

Avec plus de recul encore, je réalise que, malgré tout, il m’inspire quelque chose. Je ne saurais dire quoi. Je doute fort que cela soit un sentiment - je le contemple. Mh. Peut-être l’ébauche d’une émotion.

Bell nous sert deux grandes tasses de lait. Je l’observe faire avec vacuité. Mon index gauche s’agite légèrement - le lait s’échappe de ma tasse et prend la forme d’un petit corps humanoïde. Des cumulus sertissent sa tête, deux billes bleues aux reflets mouvants lui octroient la vue  ; deux pétales se détachent d’une des roses du bouquet ornant la table, dessinent une bouche à son visage.

Je l’anime, dansant entre les couverts, flottant dans l’air. Il escalade l’épaule de Cloud, s’adosse contre l’une de ses joues. Mh. Je crois savoir. Il n’est pas mal à l’aise en ma présence, il me parle avec franchise, ne détourne pas son regard, en résumé je ne semble pas lui apparaître comme un monstre - d’où mon envie de le remercier en suscitant chez lui du contentement et de la joie - via un parterre de fleurs imaginaires ou un pantin à son image.

Il m’inspire de la commodité. Est-ce le juste terme ? Vous êtes particulier. Ainsi je conclue à voix haute le fil de ma réflexion.


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Lun 2 Avr - 20:36
Cloud Andersen
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musique - Cloud manque de s'étouffer avec le dessert quand le sujet dérive sur sa sexualité. S'il y a bien un sujet qu'il ne maîtrise pas, c'est bien celui-ci. Il aurait même plus de facilité à comprendre les mystères de la terre que tout ce qui s'apporte aux plaisirs charnels. N'étant cependant pas totalement idiot, il connait relativement le sujet pour en avoir entendu parlé dans les rues de l'est, parfois à l'atelier ou par sa mère qui l'a mis en garde contre ces pratiques. Elle ne lui a jamais empêché de vivre des amours, des envies, des passions et des pulsions comme elle n'a jamais eu de cesse de lui répéter que personne ne doit savoir la vérité à son sujet. On peut le dire : c'est partiellement un échec à partir d'aujourd'hui.

Parallèlement, un petit être de lait vient se faufiler le long de son bras - ses cheveux flottent et ses yeux brillent mais Cloud reconnaît les traits de son visage et s'en amuse. C'est bien la première fois qu'il se voit de la sorte. Il touche du bout du doigt le petit personnage tandis qu'une perle blanche alors vient se glisser sous son ongle. C'est tellement fascinant.

« Désolé je ne suis pas bien placé pour vous parler de sexualité. Je n'ai jamais rien expérimenté de la sorte. »

Il lève les yeux au ciel.

« Oh, maintenant que j'y pense, il y a peut-être bien une fois... Au début de mon adolescence, il y a avait une jolie fille dans mon petit quartier. Mon corps changeait et mes désirs aussi. Dans mes souvenirs j'avais... Tous les sens aux aguets, une chaleur étrange... Vous savez, comme... Quelque chose qui démange ? Oui, voilà. Cela démange beaucoup et le corps réagit. La tête un peu moins. »

Il ricane un peu. Depuis, il est vrai qu'il n'a jamais expérimenté cette sensation.

« Je crois que vous le savez déjà, mais je suis très réceptif aux émotions. Même si je ne les comprends pas toujours. »

Cloud a comme l'impression d'avoir presque un point commun avec son hôte. Peut-être que son crâne inexpressif le pousse à penser qu'il ne ressent pas grand chose, ni ne comprend tout. Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir.

En un instant, à la manière d'un voile qui se retire, la peau de Cloud gagne en transparence et devient un miroir lisse aux milliers de reflets. Seuls ses cheveux, ses yeux, ses cils et ses sourcils demeurent. Il lève sa main devant lui de façon à pouvoir faire écho aux différents reflets et voir ainsi celle de Simeon dans sa paume.

« Votre âme est blanche. C'est la première que je vois. »

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Lun 2 Avr - 22:07
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Une démangeaison du corps et un refus d’obtempérer de la tête ? Cherche t-il à suggérer de manière induite que le plaisir éprouvé lors d’un acte sexuel est semblable à celui d’une piqûre de moustique ? Je tique. Mh. Ceci est très flou. Je crois cependant comprendre le fond - la forme, nous verrons plus tard.

Jelal s’agite soudain. Notre jeune invité perds ses couleurs pour laisser transparaître celles qui l’entourent. Puis, lentement, c’est un éclat blanc qui vient les évincer. Un miroir d’eau clair ne pourrait mieux décrire ce qu’il offre à notre vue. Mh. Curieuse et fascinante, fascinante capacité.

Mon âme est donc blanche. Je ne s’en suis guère surpris. Le blanc est une absence de couleur et absence est, c’est regrettable, le mot le plus apte à décrire ce que je suis. C’est parce que je n’ai pas de coeur. Je dis calmement. Que ce soit biologiquement ou métaphoriquement, sous mes côtes à gauche, il n’y a rien. Mes veines, mon sang et l’oxygène qu’ils transportent se passent magiquement de cette pompe infernale.

Bell nous sert un thé noir au doux parfum de tilleul. Je l’en remercie d’un signe succinct. Le coeur et l’âme sont liés, à l’égal de la nuit qui épouse le jour ou de la mort qui console la vie. C’est la première leçon que mon Maître m’ait enseigné, lorsque je n’étais encore qu’une ombre errante. Priver ou supprimer une partie de l’autre partie engendre un désordre, une aberration.

Je me souviens de ces longues discussions que nous avions lui et moi, assis sur un tapis de paille avec pour seul témoin le feu crépitant de la cheminée. Je me demande où est-ce que ce vieux cinglé traîne ses os à l’heure actuelle. Sans doute entre trois univers et deux étoiles. Je suis une aberration, car incomplet. Ni entièrement humain, ni entièrement créature. Je déclare pour mieux poursuivre, chassant la brume de mes songes.

Toi, mon garçon, tu es l’exacte contraire. Lorsque l’âme et le coeur sont si liés l’un à l’autre qu’ils s’étouffent, leur essence déborde et crée un excédant de magie et d’émotions. Subtilement, j’anime à nouveau le pantin de lait de la volonté de mon index ; il s’en va cueillir un grain de groseille dans l’une des coupoles de fruits. Il l’enfonce doucement dans sa poitrine puis tourbillonne, danse et danse.

Plus tu vas grandir, plus cet excédant va s’accroitre. Il danse et danse encore - le groseille grossit, grossit, grossit puis implose. Le petit pantin de lait s’écoule sur la nappe. Il finira par te tuer avant que tu aies atteint la moitié d’un siècle. Bell débarrasse la table.

Ai-je été bon professeur ? Peut-être aurais-je dû faire preuve de plus de tact. Jelal me toise avec sévérité. Ce félin est-il réellement Terrien ? Qu’importe. Mh, mh. Je marmonne entre mes dents d’inaudibles et sourds grondements.


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Mar 3 Avr - 23:43
Cloud Andersen
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Ne pas avoir de cœur.
Cloud repose son menton dans la paume de sa main et écoute les constatations de son hôte vis à vis de lui même. Très curieux, il a du mal à concevoir qu'un corps puisse s'animer bien que dénué de ce drôle d'organe. Il a beau avoir toujours vécu dans le monde merveilleux de Rorrim, le jeune doreur n'a de cesse de découvrir - plus particulièrement aujourd'hui. Il pourrait rester là des heures à écouter le sorcier parler de tout et de rien d'une façon presque scientifique et évidente. Et cette âme blanche creuse un peu plus sa curiosité, elle vient même le titiller sur le plan sentimental. Blanc, immaculé. Comme un tableau sans couleurs, l'immensité du rien et de l'absence. Contrairement au noir qui n'est que le résultat du mélange de toutes les couleurs, le blanc ne peut pas s'obtenir.  Il est au dessus de toutes les teintes. C'est peut être pour ça que Cloud l'apprécie autant.

Peu après, Simeon bifurque pour mette en garde son invité contre une mort prochaine. Pendant ce temps, le petit être de lait se font dans la nappe, laissant derrière son passage quelques miettes de groseille.
Cloud demeure silencieux et observe la tâche lentement se faire absorber par le tissu - la silhouette du pantin disparaît définitivement.

« Je vois. »

Dit-il seulement. Son mutisme s'étend sur quelques longues secondes, visiblement poussé dans une grande réflexion intérieure. Mourir avant un demi siècle, est-ce vraiment la pire des sentences ? Il a tendance à en croire plutôt le contraire.

« Je l'ignorais. Mais cela ne m'étonne pas vraiment. En toute honnêteté, je ne m'imaginais pas faire partir de ce monde bien longtemps. Je suis donc plutôt préparé à l'idée. »

Cloud part s'appuyer contre le dos de la chaise et fixe très sérieusement le sorcier à l'autre bout de la table. Après quoi, il ajoute :

« Vous concernant, sans vouloir dire quoi que ce soit de déplacé, je vous trouve beau à votre façon.
À mes yeux vous n'êtes pas incomplet, bien au contraire. Vous êtes un genre au dessus de nous. Bien que cela peut pousser le sentiment de solitude, je pense que les gens ont beaucoup à apprendre de vous comme vous apprenez d'eux...
 »


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Mer 4 Avr - 13:42
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Il est moins fragile psychologiquement que sa frêle constitution physique le suggère. Pour avoir côtoyer tant de siècles l’espèce humaine, je peux affirmer que le fait qu’il bénisse sa malédiction - entendant par là qu’il l’accepte sans amertume - est exceptionnel. La grande majorité des humains tuerait père et mère pour dix ans de plus.

Ce qu’il me dit par la suite me déconcerte. Non pas que je sois flatté ou même étonné. Je ne comprends tout simplement pas. Il est singulier - sa franchise, ses pensées, le tout de sa personne : une singularité. Je me lève. Suis-moi. Je dis posément, abandonnant malgré moi le vouvoiement.

Je nous conduis sans un mot jusqu’au jardin. Les lucioles l’éclairent, bravant le noir de la nuit et charmant les étoiles habitant sa voûte. Le fond de l’air est frais. L’herbe est moite. Je m’arrête en face de la fontaine de pierre siégeant entre deux bosquets d’hortensia, pose mes mains sur ses rebords.

Apprends-moi le langage du coeur. Je murmure en l’invitant à se pencher en avant à mes côtés. L’eau de cette fontaine est ensorcelée - si bien qu’elle fait apparaître à celui qui la regarde la vision la plus enchanteresse qu’il puisse imaginer ; un miroir de notre rêve le plus doux.

Moi, je n’y ai jamais rien vu, rien que le reflet de mon crâne. Je me suis fait à l’idée avec le temps ; ainsi, j’évite soigneusement de poser mes yeux sur la surface. Décris moi ce que tu vois et ce que tu ressens. Les mots me procureront ce que la nature m’a refusé - ses mots, devrais-je dire.

Je dois l’avouer, ils ont un je-ne-sais quoi de plus limpide que les mots des autres ; ils me donnent une impression de vie, l’ébauche de ressentis. En échange, apprends de moi ce que tu souhaites. Un sortilège pour bleuir les joues, l’histoire de la Contrée Est, l’origine des Dragons, une potion d’amour - qu’importe.

Un coeur - que ce soit le sien en prêt ou un moulage d’argile décoré des noms en dorure des sentiments, que ce soit un outil à ressort mécanique ou un grain de groseille - peut valoir que je paye toutes les richesses du monde.

Il n’est plus question d’être complet ou non, d’être une créature ou un homme. C’est plus simple, plus enfantin. Je veux bonnement et sincèrement m’émouvoir.


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